Un loyer à 200 € par mois en plein cœur de Paris, trop beau pour être vrai ? Que nenni depuis l’édiction de l’article 101 de la loi pour la mobilisation et la lutte contre l’exclusion du 25 mars 2009 plus connue sous l’appellation « loi Boutin ». L’idée de ce dispositif est très ambitieux : installer des individus dans des locaux vacants (la plupart du temps des bureaux vides), à condition qu’ils quittent les lieux à l’échéance ou lors de la survenue d’un événement définis par une convention passée entre le propriétaire des locaux et un organisme mandaté. A écouter Olivier Berbudeau, il s’agirait d’un partenariat gagnant-gagnant : « Les habitants bénéficient d’un tarif défiant toute concurrence pour se loger et les propriétaires vont, par la présence des résidents, empêcher les dégradations naturelles que subissent les bâtiments vides et éviter les squats et intrusions » commente le directeur du développement de Camelot Property.

Le droit au bail revisité

Avec l’article 101, oubliez tout ce que vous savez sur le droit au bail : il s’agit d’un dispositif dérogatoire au droit du logement. On ne parle donc pas de locataire mais de résident temporaire, pas de loyer mais de redevance et pas de bail mais d’occupation temporaire. Les conditions sont les suivantes : Pour 200 € mensuels maximum, un résident temporaire peut emménager dans un bâtiment vacant avec son mobilier pour une durée minimale de trois mois. Le délai de préavis du propriétaire est de un mois, celui du résident de 15 jours. « Cette solution est idéale pour les personnes à la recherche de mobilité et pour les 25-35 ans qui travaillent mais qui ne veulent pas mettre la moitié de leur salaire dans leur logement » commente M. Berbudeau. Ce dernier insiste en revanche sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une solution pour les personnes précarisées ou en grande difficulté. « La durée d’occupation étant temporaire par nature, il n’est dans l’intérêt de personne de loger des gens quelques mois pour les remettre à la rue ensuite. Nos critères de sélection sont donc très clairs : nous recrutons des personnes ayant déjà un hébergement et qui sont salariées ou qui peuvent justifier de revenus réguliers » commente notre interlocuteur.

Le plaisir de la colocation

Selon la taille du bâtiment, Camelot Property installe entre 5 et 20 personnes par site qui bénéficieront respectivement de 20 à 350 m2 privatifs auxquels vont s’ajouter les parties communes (70 à 80 m2 en moyenne) comprenant au moins une cuisine et des sanitaires (douches et WC). « Il est essentiel que les postulants soient séduits par la colocation car ce dispositif s’inspire largement de ce mode de vie » illustre le directeur du développement. Exit cependant les fêtes tous les soirs sous prétexte que l’on dispose d’une superficie digne des plus grandes discothèques : le règlement intérieur l’interdit ! « Le but de cette occupation est la préservation et la protection de locaux vacant… Pas de faire la fête ! Nous autorisons donc 2 à 3 visites maximum par occupant » alerte notre interlocuteur.

Organisme cherche postulants !

Si Camelot Property est bien implanté en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, son installation est encore très récente en France. L’organisme est donc à la fois à la recherche de nouveaux bâtiments vacants à gérer et de postulants susceptibles d’occuper son parc de logements. « Nous avons 5 places disponibles à côté de Caen et 7 places à côté d’Abbeville avec à chaque fois 90 m2 d’espaces privatifs » informe M. Berbudeau. A bon entendeur…
Sandra Franrenet
Source: http://www.yahoo.monnaietime.fr/2012/06/05/vivre-dans-des-bureaux-vides
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